Est-ce que bien entourés, les jeunes peuvent-ils tous réussir leur scolarité ? La question mérite d’être posée à l’appui des statistiques préoccupantes sur le décrochage scolaire et de l’impressionnante désaffection politique pour les questions éducatives au Québec. En deçà des chiffres, le décrochage scolaire, c’est d’abord une situation concrète et regrettable, d’un jeune qui achève sa scolarité sans diplôme ni qualification.
Alors à qui la faute ? Au jeune ? À son entourage ? Ses échecs ou ses réussites ne dépendent-ils que de lui-même, de son mérite et de sa persévérance scolaire ?
La notion de mérite scolaire est-elle une forme d’injustice sociale ?
Nous connaissons les ravages des excès de cette idéologie de la méritocratie scolaire qui sert à légitimer facilement un système social inégalitaire. Le décrochage scolaire est un fait collectif qui engage la responsabilité de toute la collectivité. L’enjeu n’est pas seulement moral mais politique.
L’école québécoise a sa part de responsabilité dans la production des inégalités scolaires et ne peut faire l’économie d’une véritable remise en question si elle veut combattre efficacement le décrochage scolaire. Les caractéristiques structurelles de l’école, l’organisation des filières et des classes, les pratiques pédagogiques mais aussi les normes éducatives (qui tendent trop souvent à prévaloir sur l’acquisition des savoirs fondamentaux) déterminent pour une large part les parcours scolaires.
Les déterminismes éducatifs sont nombreux et en partie connus. Nous savons qu’ils influent fortement sur la trajectoire de l’élève et sur sa représentation de ses propres difficultés. La sortie précoce du système scolaire est trop souvent liée à cette illusion d’incompétence dont le jeune se sent responsable sans comprendre ce qui est en jeu dans cette représentation de lui-même.
Le battage médiatique au Québec autour des journées de la persévérance scolaire ne contribue-t-il pas en ce sens, en dépit des bonnes intentions, à alimenter les idéologies méritocratiques les plus injustes, en insistant sur les seuls mérites de l’élève ?
Comment lutter contre le décrochage scolaire ?
Une conception moins « individualisante » des échecs scolaires ouvre nécessairement sur une remise en question du rôle des politiques et des institutions.
Comment agir aujourd’hui plus efficacement sur les déterminismes éducatifs ? Comment renverser le poids de ces déterminismes dans les processus de désengagement scolaire ? Comment mieux soutenir les jeunes qui se retrouvent durablement en marge des processus de massification scolaire ?
Le débat n’est pas interdit et nous laisserons ces questions ouvertes…
Les enseignants ne peuvent naturellement pas influer sur tous les déterminismes, et il est donc nécessaire de prioriser ceux qui peuvent l’être, en établissant des dispositifs qui permettent de traiter plus efficacement des difficultés scolaires, et ainsi assurer un meilleur accompagnement des jeunes.
Les solutions les plus efficaces font généralement apparaître des effets positifs sur l’ensemble des acteurs concernés. Des relations significatives, et une communication constructive et régulière entre l’école, les enseignants et les familles permettent par exemple de créer un bien meilleur sentiment d’appartenance à l’institution, et allègent déjà un peu le poids des déterminismes sociaux.
Pour aller plus loin sur ces questions, vous pouvez consulter le blogue de l’Académie Diderot
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